,

La petite histoire de… Saint Laurent

Capture d’écran 2019-11-10 à 15.58.13

Un modèle d’élégance, des coupes structurées et androgynes et un jeu de couleurs audacieux : retour sur ce qui a fait le succès incontestable de la maison Saint Laurent

Un génie innovateur : rompre avec les conventions

        Enfant terrible de la mode à ses débuts, Yves Mathieu Saint Laurent est remarquable et remarqué dès son enfance par sa singularité et sa haute sensibilité. Inspiré par le monde du spectacle et notamment influencé par les œuvres de Molière, il prête une attention particulière au mouvement, aux jeux de lumières et de couleurs, créant ainsi un univers inédit et une histoire sans parole à travers son coup de crayon extraordinaire. Lorsque ses proches et ses collaborateurs évoquent ce véritable artiste, le mot « talent » se fait le plus récurrent. C’est d’ailleurs ce même talent dont il fait preuve très jeune qui pousse Michel de Brunhoff, rédacteur en chef de Vogue entre 1929 et 1955 à le présenter à l’un des plus grands couturiers au monde de l’époque, Christian Dior, après avoir été frappé par la similitude d’une collection imaginée par Saint Laurent avec celle de Dior, encore secrète au moment de leur rencontre. C’est ainsi que ce prodige vient, à seulement 21 ans, à la tête de la prestigieuse maison après le décès de son fondateur.

La collection Trapèze, Dior, par Yves Saint Laurent

Capture d’écran 2019-11-10 à 16.07.42.pngBlouson signé YSL

Son esprit rebelle transparait dès ses premières créations, et il n’hésite pas à faire preuve d’audace en substituant des modèles plus amples à la taille cintrée signée Christian Dior avec la ligne Trapèze en 1958, un véritable succès. En revanche, sa ligne influencée par le mouvement beatnik aux tons assez sombres, lors de laquelle il propose le premier blouson de cuir de la haute couture semble quant à elle déplaire.

Yves Saint Laurent et Pierre Bergé / Saint Laurent Rive Gauche

Mais c’est après avoir ouvert une maison de couture à son propre nom avec l’aide de Pierre Bergé que le style avant-gardiste de Saint Laurent s’exprime en toute liberté, et, tantôt scandales tantôt acclamations quasi-unanimes se succèdent pour le styliste. Toutefois, une chose ne peut être remise en question : le caractère novateur de ses créations, et bien plus que cela, de son univers. « Et puis tout à coup arrive l’inattendu. C’est peut-être le coup de foudre de cet inattendu », s’exprime Pierre Bergé, expliquant comment il a pu « en un instant basculer » et mettre fin à sa relation avec Bernard Buffet après sa rencontre avec le couturier.

Capture d’écran 2019-11-10 à 16.11.53.pngLa collection Mondrian – YSL (1965)

L’idée de rupture, de rapt entoure toute la personne d’Yves Saint Laurent. Rupture avec l’académisme, rupture avec la vision classique du « féminin », rupture avec les limites de l’acceptable. D’ailleurs, la bande dessinée La Vilaine Lulu qui met en scène une petite fille malicieuse qui se moque des conventions, imaginée par Saint Laurent, en est un ultime exemple. Ses défilés provoquent un véritable engouement parmi l’aristocratie, les journalistes mais aussi les artistes. Avec des pièces aujourd’hui iconiques notamment présentes dans la collection Mondrian de 1965, comme le caban, le smoking en 1966 ou encore le tailleur-pantalon, il casse les codes sociaux, se réapproprie la définition du vestiaire de la femme moderne et le réinvente. La saharienne, portée par le mannequin Veruschka dans un numéro de Vogue en 1968 devient un symbole de libération des mœurs et du corps de la femme, de l’émancipation de celle-ci. Ainsi, la femme est mise à l’honneur par la griffe, elle est héroïsée, active et insoumise. En outre, le parfum Opium sorti en 1977 et notamment la campagne publicitaire qui accompagne cette sortie divise la clientèle en provoquant un mélange de choc et d’admiration.

Capture d’écran 2019-11-10 à 16.13.09Yves Saint Laurent avec sa muse, Catherine Deneuve

Très vite, la maison s’impose sur la scène mondiale, ce qui lui permet d’initier des collaborations avec de grands acteurs et artistes. Yves Saint Laurent réalise notamment les costumes de Claudia Cardinale dans la Panthère Rose ou encore de Catherine Deneuve dans Belle de Jour. Des créations élégantes, séduisantes mais aussi provocatrices.  La provocation qualifie par ailleurs parfaitement l’univers du styliste, à travers le choix de remplacer la mariée sur le défilé par un mannequin vêtue d’un bikini en camélia blanc au cours du défilé printemps/été 1967, ou encore avec sa collection de 1971, inspirée de la Seconde Guerre mondiale à une période où le souvenir de celle-ci était encore très vif dans l’esprit des Français. Une collection qui a fait couler beaucoup d’encre, représentant l’esthétique luxueuse des femmes qui collaboraient avec les Allemands.

Capture d’écran 2019-11-10 à 16.13.24

Le couturier contribue également à la démocratisation de la mode en lançant en 1966 la première organisation de boutiques franchisées afin de diffuser le prêt-à-porter de luxe avec Rive Gauche, à Paris, ou encore en introduisant la mode « rétro ».

Des adieux à l’ère Hedi Slimane

Le 5 janvier 2002, à la surprise générale, Yves Saint Laurent, l’artiste qui « jette des bombes dans les jambes de la société » selon les mots de Pierre Bergé, annonce la fin de sa carrière en tant que styliste, néanmoins conscient « d’avoir permis aux femmes d’accéder à un univers jusque-là interdit » et d’avoir « créé la garde-robe de la femme contemporaine ». Il remercie par ailleurs à la fois « les célèbres et les inconnues » qui lui ont été fidèles.

Capture d’écran 2019-11-10 à 16.13.43Courtney Love et Marilyn Manson, campagne publicitaire de 2013 pour Saint Laurent sous la direction artistique de Hedi Slimane

Après le concept « porno-chic » introduit par la direction artistique de Tom Ford ou encore l’esthétique plus minimaliste de Stefano Pilati, c’est au tour de Hedi Slimane d’être nommé directeur artistique de la maison en 2012, et les profondes transformations qu’il y aura apportées avant de rejoindre Celine sont à l’image de l’esprit novateur de son fondateur. Dès ses débuts, il n’hésite pas à toucher à un symbole important de la marque : son nom. En effet, celle-ci est rebaptisée Saint Laurent Paris, en référence à Saint Laurent Rive Gauche, la 1ère marque fondée par Yves Saint Laurent en 1966. Il a su par ailleurs rajeunir la griffe avec un style plus rock/grunge et le retour de la mode androgyne.

_By Amina

Laisser un commentaire